Amadou Makhtar Mbow, lors de la célébration de son centenaire : «La jeunesse ne doit pas désespérer»

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Lors d’une de ses dernières sorties publiques, à l’occasion de la célébration de son centenaire, le 20 mars 2021, le patriarche Amadou Makhtar Mbow avait lancé un message d’espoir à tous les jeunes africains qui seraient tentés de quitter le continent. Un message toujours d’actualité, surtout au Sénégal et la sous-région ouest africaine où le drame de la migration irrégulière vers l’Europe et les Etats-Unis par les voies maritime et le désert continue de décimer cette force vive.

Amadou Mahtar Mbow n’est plus. Ancien ministre de l’Education nationale et ancien Directeur général de l’Unesco de 1974 à 1987, il a tiré sa révérence hier, mardi 24 septembre 2024, à l’âge de 103 ans (1921-2024). Le patriarche universitaire et homme politique a toute sa vie durant été utile pour le peuple l’humanité. C’est ainsi qu’à l’occasion de la célébration de son centenaire, le 20 mars 2021, Amadou Makhtar Mbow a délivré un message d’espoir à tous les jeunes africains qui seraient tentés de quitter le continent.

L’ancien  Directeur général de l’Unesco encourageait ainsi   la jeunesse  à «ne pas désespérer» et à s’abreuver à la source du savoir pour un avenir meilleur.

«J’exhorte la jeunesse africaine, qui est dans le pays et celle qui est à l’extérieur, à ne pas déserter l’Afrique, à demeurer en Afrique, à essayer d’œuvrer pour la paix et le progrès en Afrique et dans chacun des pays. Mais pour œuvrer pour le progrès, il faut accepter de consentir des sacrifices. La jeunesse ne doit pas désespérer, elle ne doit pas croire aussi que quelque chose lui est fermée. Je me rappelle que quand j’étais au primaire, mon maître français nous disait : «Vous êtes des nègres et vous resterez toujours des nègres.» Par mon parcours personnel, avec mes camarades qui étaient avec moi à l’école à Louga, nous avons voulu lui prouver que ce qu’il disait n’était pas vrai», disait-il.

Il a aussi appelé la jeunesse à l’appropriation du savoir, indispensable pour la transformation économique et sociale. «On ne peut pas accéder à quelque chose de supérieur si on n’a pas le savoir nécessaire. Et le savoir, on l’acquiert en apprenant, en apprenant, en apprenant. J’ai fait un discours à l’Unesco pour dire que j’ai éprouvé la faim de lire. Je lisais beaucoup et mon père avait la chance d’être le dépositaire de presque tous les écrits politiques du Sénégal. Je lisais très jeune les écrits des hommes politiques. Je les ai tous connus d’ailleurs, Blaise Diagne comme Ngalandou Diouf, les seuls députés noirs de toute l’Afrique noire. Lisez, apprenez, rien ne vous est interdit. Vous pouvez accéder aux fonctions les plus élevées, si vous acceptez de faire les sacrifices nécessaires», avait lancé Amadou Makhtar Mbow à la jeunesse.

Aux hommes politiques africains, le sage avait  conseillé de mettre en avant les intérêts de leur population. «Ne désespérez pas de l’Afrique et je souhaite de tout cœur que les hommes politiques de nos différents pays s’entendent avec les populations, ne mettent pas en avant seulement les ambitions personnelles, mais mettent en avant les intérêts de leurs Peuples, agissent en fonction des intérêts de leurs Peuples, les écoutent ! Voilà ce que je voudrais dire à la fin de ma vie», indiquait-il.

Il avait  terminé son discours par une invite à l’unité africaine, pour l’intérêt des peuples d’Afrique et des peuples du monde. «Je ne sais pas combien de temps j’ai encore à vivre, mais je souhaite de tout cœur que l’unité soit réalisée dans chaque pays, que l’unité soit réalisée dans toute l’Afrique et que les Africains travaillent ensemble pour l’intérêt des Peuples africains et pour l’intérêt des Peuples du monde», avait-il conclu.

NDEYE AMINATA CISSE

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